EDUCATION : la permissivité, c’est la santé !

Quelle relation entretenir avec nos enfants pour qu’ils développent une bonne santé émotionnelle et physique à long terme ? Faut-il leur laisser une grande liberté ou faire preuve de fermeté ?

Interrogés lors d’un sondage en 2015, 85 % de Français penchaient pour la deuxième solution, jugeant l’éducation actuelle insuffisamment sévère. Or si l’on s’en tient aux critères de l’Organisation mondiale de la santé, une éducation stricte, alternant récompenses et punitions, constitue une maltraitance psychologique susceptible d’altérer le développement cérébral. Dès lors, en quoi consiste une éducation sans violence ? Bienveillance et liberté : tel est le crédo des peuples chasseurs-cueilleurs, celui des pionniers de l’éducation non directive, mais c’est aussi le style de pédagogie suggérée aujourd’hui par les neurosciences. Pourquoi, par exemple, imposer à sa progéniture une quantité de nourriture ou un temps de sommeil ? Lorsque les enfants se sentent respectés et ne sont pas obligés de se plier à des ordres sous la menace, ils deviennent des adultes en meilleure santé que ceux élevés « à la dure ».

LE STYLE EDUCATIF MODIFIE LE CERVEAU

Style strict : Une chercheuse néerlandaise, Laura van Harmelen, a remarqué que le volume du cortex orbito-frontal, impliqué dans la régulation des émotions, l’empathie et le sens éthique régresse en cas de maltraitance émotionnelle. Pire, cette régression perdure à l’âge adulte, oblitérant la capacité à faire face aux événements adverses.

Par ailleurs, le nouveau-né est particulièrement sensible à la peur car l’amygdale, responsable de la sécrétion de cortisol (hormone de stress) est l’une des rares structures cérébrales à être mature dès la naissance. Bruce Mas Ewen, un universitaire américain, a ainsi montré qu’en cas d’exposition du nouveau-né à la violence, le développement du cerveau est altéré. Si de nombreux psychologues avaient constaté l’effet d’une éducation trop autoritaire, les neurosciences constatent l’effet des maltraitances sur l’organe cerveau à long terme.

Style bienveillant : À l’inverse, le maternage développe les capacités d’apprentissage tandis que l’empathie stimule la sécrétion d’ocytocine, elle-même déclenchant la production de dopamine, d’endorphines et de sérotonine favorisant la sociabilité, le calme, la créativité et la motivation. Laisser un enfant jouer librement favorise la production cérébrale de BDNRF (Brain-derived Neurotrophic Factor), un facteur de croissance intervenant dans la prolifération, la différenciation et les connexions des neurones.

• Chez les orphelins âgés de 6 à 30 mois, l’activité électrique du cortex, mesurée par électro-encéphalogramme, est perturbée, indiquant que les carences affectives et sociales entraînent un retard de maturation corticale. (Fox, Biol. Psychiatry 2010).

Quand l’éducation est bienveillante et encourageante, le volume de l’hippocampe est accru, diminuant la sensibilité au stress et favorisant la mémorisation. (Luby 2012).

• Accueillir et verbaliser les émotions d’un enfant entre 0 et 3 ans régule le fonctionnement de l’amygdale impliquée dans les réactions de peur, diminuant la sécrétion de cortisol (hormone de stress pouvant être délétère pour les neurones). (B. MC EwEn, 2011).

Attitude apaisante et câlins développent le volume du cortex préfrontal, régulateur émotionnel et siège de l’activité cognitive (mesuré chez l’enfant de 9 mois à 3 ans), favorisant la curiosité et régulant l’agressivité. (Hane, Dev. Psychobio, 2010). À l’inverse, chez les adultes ayant subi des maltraitances dans l’enfance, son volume est diminué (Vanna Laura Van Harmelen et al., 2010)

Guérisons inattendues en Ardèche

Sophie Rabhi-Bouquet, fondatrice en 1991 de la Ferme des Enfants, une école alternative inspirée de la méthode Montessori au sein d’un éco-hameau en Ardèche (France), fait le même constat. La fille du paysan philosophe Pierre Rabhi a maintes fois noté l’effet d’une pédagogie bienveillante et respectueuse des rythmes de l’enfant sur la santé : « j’ai des dizaines d’exemples concrets d’enfants qui sont arrivés chez nous complètement phobiques, fermés, déprimés, dévalorisés ou agressifs et qui se sont ouverts comme des fleurs au fil des jours et des mois. » Côté physique, le tableau est à l’avenant : « Nous avons assisté à plusieurs cas de rémissions pour des enfants atteints de troubles chroniques comme les allergies pas exemple, ou encore les troubles digestifs ou le surpoids.

Avec un accompagnement bienveillant, ces symptômes disparaissent au fil des mois et des années, et certains enfants finissent par retrouver un poids normal… ». À la Ferme des Enfants, les élèves passent une large partie de leur temps dehors. Certains se promènent en t-shirt et en tongs en toutes saisons. La plupart se lavent peu les mains malgré les recommandations des adultes et ne tombent pas souvent malades. Mieux, cette bonne santé semble s’être encore améliorée depuis que l’équipe pédagogique a décidé à l’automne 2016 de s’inscrire dans le mouvement des Écoles Démocratiques et de ne plus s’aligner sur le programme de l’Éducation nationale française. Une violence en moins ? Sophie Rabhi se souvient : « Comment faire face à la spontanéité de l’enfant et à ce qu’il vivait comme une double injonction qui lui disait en même temps : Sois libre et je te fais confiance, et en même temps : Fais ce que je te dis de faire et c’est pour ton bien. Il s’agit d’une maltraitance, non seulement pour la liberté de l’enfant, mais aussi pour son développement cognitif. »

Se conformer à autrui, un indice de stress physiologique

Au cours des années 1950, il avait été observé par des psychologues qu’un enfant qui percevait de l’antipathie ou de l’indifférence de la part de ses parents, montrait un peu plus tard une absence de manifestation de détresse lorsqu’il était séparé de sa mère, alors même qu’une réactivité physiologique exacerbée était observée… Dans les années 1990, M.W. Eysenck, un chercheur yougoslave, émit l’hypothèse que le même style de répression émotionnelle se maintenait à l’âge adulte. Il s’appuyait en cela sur les travaux du psychologue britannique John Bowlby. Selon le père de la Théorie de l’attachement, une personne dont les besoins émotionnels fondamentaux – être entendu, écouté, compris et soutenu – ont globalement été satisfaits lorsqu’elle était enfant, considérera une fois devenue adulte les autres comme bienveillants, dignes de confiance et susceptibles de lui venir en aide en cas de difficulté, développant alors un style d’attachement dit « sécure ».

Elle exprimera volontiers ses émotions et sera capable de demander du soutien et de l’aide, comme d’en donner. Une véritable personnalité anti-stress. À l’inverse, un enfant qui n’a pas des parents aussi attentifs et attentionnés développera un attachement « insécure », c’est-à-dire caractérisé par une répression émotionnelle. Or un lien entre ce style répressif et le stress physiologique fut mis à jour par Weinberger, un chercheur en psychologie. Il révéla qu’un test dit de désirabilité sociale (révélant la propension d’une personne à se conformer à ce qu’elle pense que les autres attendent d’elle) est l’indicateur le plus fiable de son stress physiologique réel, vérifiable par des mesures du rythme cardiaque, de la température corporelle ou du taux de cortisol. « Les répressifs sont des individus qui échouent dans la reconnaissance de leurs propres états affectifs (…) », écrivait Weinberger.

DOSSIER Par Emmanuel Duquoc

Article complet dans Néo Santé N°68

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Votre thérapeute Corinne MULLER propose un massage, Viet Minceur- basé sur le DIEN CHAN, en complément d' un accompagnement sur le comportement alimentaire engendré par nos émotions. (Il est conseillé d'avoir un suivi par un naturopathe et votre médecin pour les conseils alimentaires). CONTACT : CORINNE MULLER/Praticienne en DIEN CHAN, Conseillère en Bio-décodage, Massages bien-Être/06.30.15.82.23 - ST VICTORET