Stress et DIGESTION

Nous ne pouvions pas parler de problèmes gastriques sans aborder la question du stress : la moitié des patients atteints de reflux gastriques déclarent que le stress augmente leurs symptômes. Et les personnes peu satisfaites au travail sont deux fois plus touchées par les troubles gastriques.

Alors, quel est le lien entre le stress et votre digestion? Commençons par définir le stress : une réponse spécifique du corps à un stimulus qui perturbe l’équilibre. Ça peut être la peur, la douleur, l’énervement, le conflit, la dévalorisation, etc. Nous restons volontairement vague sur ce qui peut causer ce stress, tant un même stimulus peut causer une réaction de stress chez l’un, mais pas chez l’autre, et tant nos manières de percevoir et de rationnaliser la réalité qui nous entoure passent par le filtre de notre expérience, de notre subjectivité, de notre passé. Adopter un point de vue subjectiviste, c’est risquer la tautologie, mais nous dirons qu’une situation de stress est une situation qui est perçue comme stressante par l’individu, ce qui déclenchera chez lui une réaction spécifique.

 Les zèbres ne font pas d’ulcères

Et la réaction naturelle du corps au stress, c’est généralement le « fight or flight », traduit en français par la «réponse combat-fuite ». Le concept est probablement réducteur tant le combat et la fuite peuvent constituer un ensemble de comportements variés, en particulier chez l’Homme (certains ont d’ailleurs fait l’hypothèse que nous pourrions considérer la sociabilité comme une troisième forme de réaction au stress, proprement humaine). Quoi qu’il en soit, le corps agit toujours selon des mécanismes hérités de notre évolution. Typiquement, les animaux font face à des stress momentanés, qui n’auront que deux issues : la mise à l’écart du danger ou la mort.

Les systèmes qui deviennent les plus performants sont particulièrement liés à l’effort physique : rythme cardiaque, respiration, muscles, etc. Et tout un ensemble d’autres systèmes (digestifs, immunitaires, reproducteurs, etc.) sont plutôt inhibés. Contrairement aux animaux, le stress humain est souvent « chronique » et des troubles peuvent s’installer, dont des troubles gastriques. D’où le titre du célèbre ouvrage de Sapolsky : « Why Zebras don’t get ulcers ? » C’est le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus qui est responsable de la réaction au stress. Toutes les informations liées au stress provenant des différentes régions du cerveau vont se centraliser dans cette région de l’hypothalamus. C’est le début de ce qu’on appelle l’axe hypothalamo-pituito-surrénalien (HPS), c’est-à-dire tout un ensemble de réactions en chaîne. L’hypothalamus secrète la corticolibérine, qui va stimuler la production de l’hormone adrénocorticotrope, relâchée dans le sang. À son tour, cette hormone va libérer des glucocorticoïdes, dont le principal est le cortisol. Le niveau de cortisol augmente donc dans le sang. Le cortisol a comme fonctions, entre autres, de fournir de l’énergie nécessaire lorsque nous faisons face à une menace, ou à un stress. Mais il intervient aussi dans les systèmes cardiovasculaire et immunitaire, dans la mémoire, dans l’affectif, etc.

Terrorisme & reflux gastrique

Le stress, sous forme de perception d’un danger, peut par exemple produire une hypersensitivité. Vous êtes sur le « qui-vive ». De ce fait, vous êtes aussi davantage sensible à l’acidité remontant vers l’œsophage. En 1993, l’American Journal of Gastroenterology montrait que durant les périodes de stress, les individus déclaraient davantage de symptômes de reflux, et que ceux-ci étaient plus douloureux, alors que la production d’acide n’augmentait pas. C’est en fait la sensibilité à l’acide qui augmente en période de stress (Gastroenterology, 1994). Celui-ci augmente effectivement le fonctionnement des récepteurs à la douleur dans le cerveau, et réduit la production de prostaglandines, qui protègent la paroi de l’estomac (Psychoneuroendocrinology, 2013). Aux États-Unis, deux études ont montré que les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont eu un impact sur les symptômes de reflux gastriques (American Journal of Gastroenterology, 2011, et Lancet, 2011). Mais il n’est pas question que de perception. Le stress provoque bien des changements dans le corps. Il réduit le temps de transit intestinal, altère la flore intestinale, et augmente la perméabilité de la paroi de l’intestin (Gut Pathogens, 2011). Les corticolibérines agissent effectivement sur les intestins en modulant l’inflammation, et en agissant sur la perméabilité et la sensibilité, provoquant syndrome du côlon irritable, inflammation, etc.

 La prévention probiotique

Prenons le problème dans l’autre sens : avoir une flore et une paroi intestinales saines, sans inflammation chronique, qui serait causée par une alimentation riche en gluten, lectines, phytates et autres aliments inflammatoires, permettra de faire davantage face aux réactions physiologiques naturelles au stress. Et il faudra éviter d’avoir un taux de cortisol trop élevé. Les probiotiques sont, à ce niveau-là, un choix judicieux. D’autant plus que le corps est plein de boucles de rétroactions : des études ont montré que la prise de probiotiques, comparée à un placebo, permet de diminuer les sentiments de dépression et d’anxiété, en diminuant le taux de cortisol dans le sang (British Journal of Nutrition, 2011). L’axe cerveau-intestin est bi-directionnel.

Les Omega-3 permettent également de réduire le taux de cortisol. Des études l’ont montré à propos de patients atteints de dépression (Psychology Research 2010), et de femmes enceintes (Obstetrics & Gynecology, 2014). Le stress est effectivement particulièrement mauvais pour le développement de l’enfant, l’exposant à des niveaux élevés de glucocorticoïdes. Bien sûr, agir sur la cause de stress est la meilleure chose à faire. Mais une alimentation riche en Omega- 3 et en antioxydants, et pauvre en aliments inflammatoires, comme le gluten, permettra que les réactions naturelles du corps au stress n’occasionnent pas d’autres problèmes de santé.

 Yves Patte 

Sociologue de formation, Yves Patte enseigne en Belgique le travail social et l’éducation à la santé. Il est également coach sportif et nutritionnel. Le mode de vie paléo représente la rencontre entre ses différents centres d’intérêt : un mode de vie sain, le respect de la nature, l’activité physique et sportive, le développement individuel et social. Il publie régulièrement sur http ://www.yvespatte.com et http ://www.sportiseverywhere.com.

Source NEO SANTE N° 56

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Votre thérapeute Corinne MULLER propose un massage, Viet Minceur- basé sur le DIEN CHAN, en complément d' un accompagnement sur le comportement alimentaire engendré par nos émotions. (Il est conseillé d'avoir un suivi par un naturopathe et votre médecin pour les conseils alimentaires). CONTACT : CORINNE MULLER/Praticienne en DIEN CHAN, Conseillère en Bio-décodage, Massages bien-Être/06.30.15.82.23 - ST VICTORET