Renforcement des défenses immunitaires, amélioration du transit, les bienfaits des probiotiques sont de plus en plus mis en avant. Mais au fait, c’est quoi les probiotiques ? Où et comment agissent-ils ?
Article extrait du site : https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/aliments/produits-laitiers/les-probiotiques-des-bacteries-qui-nous-veulent-du-bien?utm_source=LN&utm_medium=email&utm_campaign=NewsMcdi-180307&IDCONTACT_MID=a64b49564c22724d8215490e0
En Europe de l’Est, en Russie et au Moyen-Orient où l’on consomme des produits fermentés depuis des centaines d’années, on a toujours considéré ces aliments comme des sources de santé et de longévité. Ce n’est pourtant que depuis quarante ans que les scientifiques s’intéressent de près aux bactéries et aux levures qu’ils contiennent. Et particulièrement à celles qui ont des effets sur la santé que l’on appelle probiotiques.
C’est quoi les probiotiques ?
Les « probiotiques » sont des bactéries vivantes ou des levures apportées par l’alimentation qui, selon la définition officielle, « ingérées en quantités adéquates, rééquilibrent notre flore intestinale et exercent un effet positif sur la santé ». Pour Gary Huffnagle, une personnalité phare dans le domaine de la recherche sur les probiotiques (Université du Michigan, Etats-Unis), « les recherches actuelles montrent qu’il y a de nombreux bénéfices à avoir un régime riche en probiotiques ». Mais n’est pas probiotique qui veut. Les bactéries doivent avoir prouvées leur bénéfice sur la santé pour mériter cette dénomination !
Pour bien comprendre le principe d’action des bactéries probiotiques, il faut d’abord savoir que 40 à 100 000 milliards de bactéries (les scientifiques ne se sont pas encore mis d’accord), appartenant à 400 espèces différentes ayant chacune leurs propres caractéristiques, peuplent déjà notre intestin. Elle constituent ce qu’on appelle la « microflore intestinale » ou « microbiote ». C’est en son sein que les probiotiques vont s’intégrer et agir.
Ces bactéries sont donc 1,5 à 10 fois plus nombreuses que les cellules de notre organisme pour une masse de plus de 1 kg (1,5-2 kg) en tout ! Tous les micro-organismes de cette flore vivent en équilibre les uns avec les autres et forment ensemble un véritable écosystème. Chaque individu possède sa propre collection de bactéries qui est différente de celle de son voisin. « Des études comparant la composition de la microflore bactérienne fécale d’adultes montrent que 10 adultes ont rarement plus d’une espèce bactérienne en commun, même s’ils se nourrissent de la même façon, explique Gérard Corthier, chercheur à l’Unité d’écologie et de physiologie du système digestif de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). La composition de la flore nous est très personnelle, à l’instar de nos empreintes digitales ! »
Problème pour étudier le fonctionnement de la flore : 80% des bactéries qui la constituent sont dites « anaérobie stricte », en d’autres termes, elles ne supportent pas l’oxygène. En plus, elles ont des exigences nutritionnelles telles que leur culture en laboratoire est impossible. Leur nature et leur fonctionnement sont par conséquent très mal connus des scientifiques.
La flore, un écosystème en équilibre instable
La flore est sans cesse en mouvement. A tout moment, des bactéries naissent, d’autres meurent. Et surtout, de nouvelles arrivent constamment avec les aliments. Les yaourts, le fromage, la choucroute crue ou la charcuterie et tous les aliments fermentés en apportent de très grandes quantités. N’importe quel fruit ou légume frais en possède aussi un nombre très important à sa surface. Les bactéries dites « endogènes résidentes » sont des bactéries de la flore particulièrement bien adaptées aux conditions qui règnent dans le tube digestif. Elles sont les plus nombreuses mais également les plus stables. Elles comprennent deux types de bactéries les « dominantes » et les « sous-dominantes ». A côté de cette flore résidente existe la flore dite « de passage » qui ne fait que transiter dans le tube digestif. C’est de cette flore que les probiotiques font partie. C’est pour cette raison que pour maintenir l’effet d’un probiotique, il faut continuer à le consommer. Parmi les espèces « sous-dominantes » et « de passage », il existe des microorganismes bactériens potentiellement pathogènes mais qui, en temps normal, ne se multiplient pas. Pourquoi ? Grâce à la flore dominante. Celle-ci exerce une pression démographique suffisamment forte pour que les bactéries indésirables ne puissent se développer.
Comment se construit l’équilibre de la flore ? Diverses forces s’affrontent. La croissance d’une souche bactérienne va être limitée par la « nourriture » disponible. Si le substrat dont elle a besoin pour vivre est convoité par d’autres, il y a compétition et automatiquement sa croissance s’en trouve limitée. Certaines bactéries peuvent aussi communiquer entre elles en s’échangeant des messages chimiques qui peuvent agir sur leurs métabolismes respectifs. Parfois pour inhiber leur développement, parfois pour le stimuler. Bref, la flore intestinale est un lieu de vie intense régi par de subtiles interactions qui aboutissent à un équilibre global délicat.
Certains facteurs peuvent modifier les espèces présentes dans la flore et donc l’équilibre qui règnent entre elles. Plus l’alimentation est, par exemple, riche en fibres non digestibles, plus les espèces bactériennes qui en sont friandes vont pouvoir se multiplier et moins il y aura de place pour les autres. L’arrivée de nouvelles bactéries tels que des probiotiques peut améliorer le fonctionnement de l’écosystème. En revanche, le stress, la fatigue ou une maladie ou encore la prise d’antibiotiques peuvent rompre les équilibres et déstabiliser la flore.
- On appelle probiotique un micro-organisme capable de rééquilibrer la flore intestinale et d’exercer un effet positif sur la santé.
- Un prébiotique est un ingrédient alimentaire non digestible (fibres non digestibles, fructo-oligo-saccharides…) qui exerce une action bénéfique sur la santé en stimulant sélectivement la croissance et/ou l’activité métabolique d’une ou d’un nombre limité de bactéries de l’intestin.
- Un symbiotique est l’association d’un probiotique et d’un prébiotique.
Quel est le rôle des probiotiques sur la santé ?
« Les bonnes bactéries permettent de maintenir les organismes pathogènes en petit nombre, explique Gary Huffnagle. Mais ils ont aussi pour effet de stimuler le système immunitaire et d’améliorer les fonctions digestives. »
Une infection, une maladie, une déficience du système immunitaire, le stress suffisent à déséquilibrer la flore bactérienne intestinale. La prise d’antibiotiques qui constitue l’agression la plus virulente peut également avoir des effets dévastateurs. L’équilibre de la flore intestinale est pourtant un gage de bonne santé. Et c’est ici que les probiotiques peuvent jouer un rôle même si on ne connaît pas encore bien leur mode opératoire.
Il semble que ceux-ci soient capables de favoriser le développement d’une souche au détriment d’une autre, via des messagers qu’ils vont synthétiser et qui vont moduler le métabolisme d’une souche bactérienne particulière. L’effet peut aussi résulter d’une interaction entre la bactérie probiotique et les cellules intestinales dont le métabolisme peut aussi être modifié. Parfois, une colonie de probiotiques empêche des pathogènes de proliférer en se multipliant et en occupant le terrain sur la paroi intestinale.
Les souches de probiotiques les plus connues, les plus étudiées et dont l’efficacité a été scientifiquement prouvée sont des lactobacilles (genre Lactobacillus) et des bifidobactéries (genre Bifidobacterium), soit des levures (Saccharomyces) :
- Lactobacillus casei, Lactobacillus rhamnosus, Lactobacillus acidophilus et Lactobacillus plantarum,pour les lactobacilles.
- Bifidobacterium longum, Bifidobacterium breve et Bifidobacterium bifidum, pour les bifidobactéries.
- Saccharomyces cerevisiae boulardii pour les levures.
Voici les affections pour lesquelles il existe des preuves scientifiques de leurs bénéfices :
- Acné
- Diarrhée liée à la prise d’antibiotiques, infectieuse ou tourista
- Vaginite d’origine bactérienne
- Infection à Clostridium difficile
- Dysbiose intestinale
- Maladies inflammatoires de l’intestin
- Syndrome de l’intestin irritable
- Hyperperméabilité de l’intestin
- Sinusites
- Cystites
- Infections par levures
Où trouver des probiotiques ?
« Même si les études montrent que le meilleur levier pour avoir une flore riche et variée est de consommer des prébiotiques (notamment en diversifiant au maximum les sources de fibres alimentaires), les probiotiques peuvent jouer un rôle intéressant pour renforcer son microbiote » explique Daniel Sincholle dans Le nouveau guide des probiotiques. On peut en trouver dans l’alimentation et aussi en compléments alimentaires.
Dans les aliments fermentés
La fermentation fait partie des moyens traditionnels de conservation des aliments. Elle utilise des bactéries lactiques qui acidifient le milieu en produisant de l’acide lactique et empêchent ainsi les micro-organismes pathogènes de se développer.
Aujourd’hui, les processus de fabrication de nombreux aliments font intervenir des fermentations. C’est le cas de la bière, du vin, du vinaigre, du thé, du café, du chocolat, du pain, de la sauce soja… En revanche, la plupart du temps les bactéries sont soit tuées lors de la cuisson, de la torréfaction, de la stérilisation, soit éliminées avant la distribution (clarification du vin, du vinaigre, de la bière, de la sauce soja, etc.).
Lire aussi : Légumes lacto-fermentés : pourquoi en manger, comment les préparer
Vous trouverez dans le tableau ci-dessous quelques aliments fermentés qui sont vendus et consommés avec leurs bactéries. Mais attention, ces souches bactériennes ne sont pas forcément des probiotiques qui doivent avoir prouvé leur effet sur la santé pour recevoir cette dénomination.
Yaourt | Lactobacillus bulgaricus, Streptoccocus thermophilus |
Lait fermenté Actimel | Lactobacillus casei defense |
Lait fermenté Activia | Bifidus actif essensis |
Olives | Lactobacillus plantarum |
Saucisson (et parfois saumon fumé) | Lactobacillus sakei |
Fromage | Lactobacillus |
Bière blanche (trouble) | Saccharomyces cerevisae |
Levure de bière « vivante » appelée levure boulardii (vendue en magasin bio, à ne pas confondre levure de bière ordinaire rendue inactive par un séchage à haute température) | Saccharomyces boulardii |
Kéfir de fruits (en magasin bio ou sur Internet) | Lactobacillus caucasicus, Streptococcus lactis |
Kéfir de lait (idem) | Lactobacillus bulgaricus caucasicus, Lactobacillus bulgaricus casei, Streptococcus lactis,Streptococcus diacetylactis, Leuconostoc citrovorum, Saccharomyces kefir |
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