Une pratique trés assidue, réduit le stress, les émotions négatives et améliore le sommeil, ce qui a un effet positif sur le vieillissement cérébral.
Un article du magazine Le Point du 7 12 2017 http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/mediter-pour-prevenir-la-maladie-d-alzheimer-07-12-2017-2177934_57.php
Les résultats d’une étude bien peu banale sont dévoilés ce matin par l’Inserm, à l’occasion de leur publication dans la revue Scientific Reports. Elle a consisté à comparer, grâce à des examens d’imagerie, le fonctionnement du cerveau de 73 personnes âgées de 65 ans en moyenne, dont 6 « experts en méditation » qui totalisaient entre 15 000 à 30 000 heures de pratique. Il en ressort des différences significatives au niveau de certaines régions cérébrales. À l’instar du célèbre psychiatre Christophe André, pour qui la méditation est « un outil d’hygiène de vie », les auteurs de ce travail en font un moyen de bien vieillir.
Le constat de départ est simple : l’avancée en âge s’accompagne d’une diminution progressive du volume cérébral et du métabolisme du glucose, ce qui entraîne un déclin des fonctions cognitives. Mais ces modifications physiologiques peuvent être accélérées par le stress et une mauvaise qualité du sommeil, deux paramètres considérés comme des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. D’où l’intérêt de chercher la meilleure façon de les combattre. C’est à quoi se sont attelées deux équipes Inserm de Caen et de Lyon, désireuses d’explorer les effets de la méditation. Pour visualiser ses effets, elles ont réalisé des examens neurologiques par IRM et TEP au sein de la plateforme d’imagerie biomédicale Cyceron à Caen.
Gaël Chételat, chercheuse dans l’unité 1237 « physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques » à Caen et première auteure de ces travaux, explique que les six « experts » sélectionnés pratiquaient la méditation selon différents courants traditionnels bouddhistes, ce qui leur a permis d’avoir un panel représentatif. Le fonctionnement de leur cerveau a été comparé à celui de 67 témoins du même âge, ne méditant pas. Un groupe plus large de 186 personnes âgées de 20 à 87 ans a aussi été inclus pour évaluer les effets classiques du vieillissement sur le cerveau.
La méditation pourrait avoir un effet positif sur le vieillissement cérébral
Ces travaux ont montré des différences significatives au niveau du volume de la matière grise et du métabolisme du glucose. « Les régions cérébrales détectées avec un plus grand volume ou métabolisme chez les personnes pratiquant la méditation sont spécifiquement celles qui déclinent le plus avec l’âge », explique Gaël Chételat. Quant aux effets du vieillissement, évalués chez toutes les personnes ne méditant pas, ils se concentraient justement sur les régions préservées chez les adeptes de cette technique.
« Ces premiers résultats suggèrent que la méditation pourrait avoir un effet positif sur le vieillissement cérébral en permettant une réduction du stress, de l’anxiété, des émotions négatives et des problèmes de sommeil qui ont tendance à s’accentuer avec l’âge », concluent les auteurs. Prudents, ils affirment qu’il convient désormais de confirmer ces résultats sur un plus grand nombre de personnes. Ils devraient y arriver aisément grâce à un financement de 6 millions d’euros que la Commission européenne leur a attribué pour mener à bien un projet de plus grande envergure sur le bien-vieillir, nommé Silver Santé Study. Les premiers résultats devraient être connus en 2019.