Ce poème a été composé en 1989 au retour de mon premier passage près de la mort. Il parle des retrouvailles avec l’âme et avec l’amour. Je l’ai utilisé en 2007 pour clore mon livre Le meilleur de soi.
Amour, mon bel amour, voici quelques offrandes
Ma vie au grand complet gaspillée pour des sous
Avec la peur en prime, avec la peur au ventre
Qui nous courbe l’échine, qui nous met à genoux
J’ai erré si longtemps avant de comprendre
Que sans toi je n’étais qu’un pauvre pou
Oh ! Un pou bien portant avec son importance
Qui écrivait des livres et qu’on aimait partout
Vivre à côté de soi, vivre à côté de l’âme
C’est renoncer à soi, c’est renoncer à tout
J’ai perdu mon combat, tu gagnes, souveraine
Enferme donc ma haine au fond de tes cachots
Garde-moi prisonnier, lave-moi de mes peines
Pour le mal que j’ai fait, lève l’impôt
De pleurer chaque jour, ému jusqu’à comprendre
Et de pleurer d’amour devant ce qui est beau
Je veux vivre à tes pieds, n’ai plus rien à atteindre
Nulle part où aller, tout est de trop
Vivre à côté de soi, vivre à côté de l’âme
C’est renoncer à soi, c’est renoncer à tout
Je chante pour ceux-là qui n’ont pas pris la chance
D’être eux-mêmes ici-bas, eux-mêmes malgré tout
Je chante pour ceux-là dont j’envie l’existence
Ils mangent dans ta main, ils te servent à genoux
Ils suivent le chemin de leur maîtresse tendre
Et ils ont le courage de leur goûts
Vivre à côté de soi, vivre à côté de l’âme
C’est renoncer à soi, c’est renoncer à tout
Si longtemps loin de toi, longtemps loin de moi-même
Mon bel amour caché au beau centre de tout
Mon bel amour trahi au centre de moi-même
Je te retrouve enfin à bout de maux