Lin, ortie et chanvre,
Dans le textile ou l’alimentaire, pour la papeterie, les matériaux de construction ou encore la médecine, le lin, le chanvre et l’ortie présentent de multiples vertus et potentiels d’utilisation. La production de ces plantes prometteuses nécessite cependant de s’intégrer à un environnement agricole, économique et sociétal complexe. On vous plante le décor.
Le lin, une plante qui a la fibre
On le reconnaît à ses fleurs bleu azur. Le lin cultivé, Linum usitatissimum, se prête à une large gamme de valorisations. Si 80 % de la production de lin dans le monde est aujourd’hui européenne, la France représente, à elle seule, 60 % de cette part. Un leadership que l’on doit à nos terroirs très favorables, un climat océanique doux et une alternance pluie-soleil. Mais aussi, et surtout, à un savoir-faire transmis de génération en génération entre le Calvados et Amsterdam, en passant par la Normandie et les Flandres.
Du lin, plusieurs éléments sont récupérés et valorisés : la graine, les anas (fragments de paille), les fibres, les tourteaux et les poussières. Dans le secteur du textile, c’est la tige du lin, située à l’extérieur de la couche ligneuse, que l’on exploite. Ceci à travers les étapes de rouissage (macération des tiges), de teillage (broyage et raclage pour retirer la partie ligneuse) puis de peignage, de filage et enfin de tissage, pour constituer une toile.
« Aujourd’hui, 80 % des produits textiles faits en lin sont filés en Chine », nous confie Françoise Latour, membre de l’association Fimalin, qui regrette que ce marché soit délocalisé. Certains fabricants s’engagent néanmoins à valoriser le lin local : l’entreprise Saneco assure ainsi toute la ligne de production en France, de la matière première au produit fini. Une démarche qui peut bénéficier du label European Flax garantissant l’origine et la qualité du fil.
Papiers et produits composites à base de fibres de lin
À partir de la fibre sont fabriqués des papiers légers, résistants et haut de gamme, qui servent aussi bien en édition que dans des travaux de graphisme. La fibre est aussi de plus en plus employée dans l’industrie. Associée à des résines, elle est à l’origine de produits composites dits « haute performance ». Sa faible densité, sa rigidité, sa résistance et sa capacité à absorber les vibrations sont utiles dans la conception d’équipements de sport, automobile, aéronautique…
Ainsi, on retrouve du lin dans les raquettes de tennis, les planches de surf ou encore les sièges des avions. « C’est une plante intéressante pour convaincre les industriels d’utiliser des matériaux verts », estime Françoise Latour. « Les dernières expérimentations avec le lin portent sur des tissus pré-imprégnés de résines thermoplastiques pour faire des carrosseries, des coques d’iPhone ou du matériel aéronautique, dont le recyclage sera facilité. Le lin s’inscrit dans un très beau devenir, qui pourrait rendre notre planète plus verte », conclut-elle.
La graine de lin, un produit santé
Autre produit de la récolte, la graine de lin a peu à peu conquis le marché de la santé. Moulues et saupoudrées dans les salades, mises à tremper pour servir de laxatifs, réduites en farine pour réaliser des cataplasmes émollients, les graines de lin renferment environ 40 % d’huile riche en oméga-3 (acide linoléique ALA), 25 % de protéines et 10 % de mucilages.
Si l’on a longtemps entendu dire que les oméga-3 végétaux étaient moins efficaces que ceux d’origine animale, des études mettent désormais en avant leurs vertus sur les facultés d’apprentissage, la mémoire, la prévention des maladies cardiovasculaires, et de certains cancers.
L’huile de lin, un concentré d’oméga-3
Enfin, l’huile de lin obtenue par pressage des graines fait son grand retour depuis quelques années. Interdite en France à cause de sa propension à s’oxyder, elle a été réhabilitée en 2006 sur décision de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) pour ses qualités nutritives indéniables. Très riche en oméga-3, l’huile de lin est anticholestérolémiante, anti-inflammatoire et conseillée dans toutes les pathologies de dégénérescence.
Veillez toutefois à la conserver au frais, dans une bouteille teintée afin de la préserver. Enfin, on l’utilise avec d’autres huiles, résines et solvants dans certaines peintures, ou encore pour constituer le fameux linoléum (lino).
Restent les tourteaux, résidus solides de l’extraction de l’huile, utilisés pour nourrir le bétail. La poussière générée par les différents processus de transformation sera employée comme compost 100 % végétal par les horticulteurs : un moyen idéal pour améliorer la qualité et la structure du sol.
Article extrait du magazine Plantes et Santé