La maladie est une métaphore par Christian Flèche

“Depuis la nuit des temps, les histoires et les contes ont été les passeurs des sagesses, initiatiques, thérapeutiques, philosophiques… De grands thérapeutes ont étudié l’art subtil qui consiste à utiliser le langage, les symboles, les histoires, anecdotes, pour construire des histoires thérapeutiques capables de générer des résonances et d’amener l’auditeur vers une exploration de ses mondes intérieurs.”

HISTOIRE

 Il y a bien longtemps, pas très loin d’ici d’ailleurs, il y avait un très beau village, qui existe encore et qui est tout autant magnifique, et qui continuera d’exister aussi longtemps qu’existera l’homme.

Dans ce village, il y a des histoires comme dans tous les villages. Il y a de belles histoires, il y a des drames, il y a des joies, et puis, il y a des gens originaux, vous savez dans tous les lieux il y a des gens un peu typiques, un peu particuliers, et dans ce village un des hommes typiques, car il y en a plusieurs vous allez l’entendre, hé bien, c’est un luthier ! On l’appelle le fils d’Eric, son père lui-même était luthier, c’était un artiste, aussi son grand-père, son arrière-grand-père, et ainsi sur de multiples générations.

Le fils d’Eric n’est pas un luthier comme les autres luthiers, le fils d’Eric construit des instruments de musique sur mesure. Ca veut dire quoi ? Hé bien, cet homme habite dans une maison qui est en bordure du village, en bordure également de la colline, près d’une falaise d’argile, et chacune, chacun peut à tout moment aller voir cet homme, et immanquablement, chaque fois le fils d’Eric écoute les drames, les peines, les joies, pendant quelques minutes, parfois pendant quelques heures, plus s’il le faut ! Jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de lui, comme, une évidence, et à cet instant il renvoie la personne chez elle.

La personne vient avec ses blessures et ses souffrances, avec sa tristesse, avec ses frustrations, et le fils d’Eric l’accueille, la reçoit, et puis lorsque quelque chose est passé à l’intérieur de lui, quelque chose de puissant, d’irrésistible, il renvoie la personne et lui donne rendez-vous pour dans une semaine, pour dans trois mois pour les cas les plus difficiles, ou dans trois jours, et lorsque la personne revient, ce luthier a construit un instrument de musique, sur mesure, adapté spécifiquement, spécialement à cette personne là.

Ca veut dire que la personne se trouve face à une espèce de chaise avec des cordes au milieu, ou de vastes tambours faits de bouteilles de bière, ou d’autres choses tout à fait surprenantes et incongrues

             Et la personne reçoit cet instrument qui est en harmonie avec elle, avec lui.

 La personne rentre chez elle, et en jouant de cet instrument, cet instrument joue, et se joue de ses tourments; et quelque chose se passe, profondément, sans que l’on comprenne, sans que l’on ait envie de comprendre, ou besoin de comprendre, quelque chose se transforme, se guérit, et ainsi au village et même d’autres villages, les gens depuis longtemps depuis des générations viennent ici, et partent avec leur petit instrument ; voire une batterie, un violon, un piano, et d’autres choses qui ressemblent à plein d’instruments qui n’existent pas.

 Cette histoire est insolite, déjà ! Là où elle devient tout à fait intéressante pour nous et nous permet de notre objectif de ce soir et nos attentes, c’est qu’un jour arrive un jeune homme, noir, ce jeune homme a apparemment tout ! Comme chacune et chacun d’entre nous, n’est-ce pas ? Tout pour vivre, pour respirer, pour voir, pour entendre, pour jouir, et pourtant il a un vide à l’intérieur, un poids sur les épaules, enfin, quelque chose qui ne va vraiment pas.

Alors le fils d’Eric l’écoute longuement cette journée là, lui donne rendez-vous.

 Trois mois plus tard le jeune homme se présente, différent. Déjà on l’a entendu, on l’a écouté, on ne l’a pas jugé, on l’a accueilli. Déjà, cela a mis du mouvement, de la vie à l’intérieur ; simplement quelqu’un qui est là, que pour lui, comme quelqu’un qui serait là que pour toi ! Sans te juger, sans t’évaluer, juste là ! Et lorsque ce jeune homme revient trois mois plus tard, rendez-vous pris, hé bien, il ne sait pas à quoi il s’attend.

 Le fils d’Eric a beaucoup laissé venir son inspiration, jusqu’à laisser apparaître entre ses mains, un curieux instrument, fait avec des drôles de tiges de métal, qui percutent un objet en caoutchouc plus ou moins rond, et puis il y a des tubes, à moitié peints, qui sont là et qui résonnent sous le martèlement de ces petites tiges de métal. Drôle d’instrument de musique ! Qui pourtant vibre et parle à ce jeune homme, dès qu’il le voit, dès qu’il l’entend, hé bien, il y a quelque chose qui se passe en lui, d’inattendu pour le fils d’Eric, le fils d’Eric a mis le ton et le demi-ton dans cet instrument. Il a mis aussi le temps de le préparer, mais la chose à laquelle il ne s’attend pas c’est le cri de ce jeune homme qui dit :

 Mais c’est ma bicyclette ! Je reconnais la couleur des tubes, je reconnais les rayons, c’est moi qui avais choisi cette teinte et qui l’avais peinte, il y a bien longtemps, et d’ailleurs cette bicyclette m’a donné bien de la souffrance, et j’étais bien heureux de m’en débarrasser. Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?

               Le fils d’Eric est revenu, il est face à quelqu’un qui a mis du sens, qui a compris. Car parfois on a besoin de comprendre et d’être intelligent, alors il est comme démasqué ce luthier, et lui dit :

 Je vais devoir te raconter mon secret.

 Et, comme je souhaite partager avec vous, il partage avec ce jeune homme, il lui dit :

 Voilà, je vais tout te raconter, et après je te poserai une question.

 –           Car tu vois, de l’autre côté de cette colline d’argile et de glaise, il y a ce que dans votre ignorance vous appelez la « décharge publique », le tri sélectif, et d’autres choses. Depuis des générations vous jetez tout le superflu, tout l’inutile, toutes vos souffrances, tout ce qui vous gène, tout ce qui vous dérange, et toutes ces choses là acceptent et se laissent transformer par l’astre du jour comme de la nuit, par les quatre vents, par le soleil qui vient cuire cela et qui vient le métamorphoser ; et en bas de la décharge, eh bien, cela glisse jusqu’à arriver dans un creux, dans un aven, dans un souterrain, dans une rivière, et cette rivière rince, lave tout cela, qui comme dans une alchimie est transformé, sous cette montagne, et arrive là-bas derrière ma maison, comme une offrande, comme un cadeau, comme une ressource, comme un médicament, comme une aide. Et, tu vois, ce vélo dont tu viens de me parler, qui t’a fait souffrir, qui t’a créé bien du désagrément, du malheur, hé bien il n’a pas fini de parler, il n’a pas terminé ce qu’il a pour toi, rien que pour toi.

 Et c’est ça le grand secret de ce luthier. Il n’invente rien, il ne crée rien, il transforme ce qui est là chez l’autre, ce qui est négligé, ce qui est redouté. On ne veut plus entendre parler de son enfance, on ne veut plus entendre parler ou voir telle personne, et pourtant j’ai l’impression par mon luthier, et mon expérience privée, personnelle, eh bien que l’on ne grandit non pas en allant dans notre lumière, dans tout ce qui va bien, mais en acceptant d’aller dans notre pénombre, dans notre obscurité, c’est comme si c’était dans notre blessure, dans notre souffrance que se trouve l’origine de notre souffrance et plus que ça. Le remède est à l’intérieur du mal, il est comme caché, dissimulé, c’est bien étonnant !

Je vous l’ai dit, le fils d’Eric a une question, il lui dit :

 Mais maintenant je peux te poser cette question ?

 L’autre est encore tout ébahi, tout stupéfait, et dit :

 Oui, oui, je t’écoute !

 Et le luthier lui dit :

 Mais qu’est-ce qui fait que tu as jeté ? Parles moi de ça, qu’est-ce qui fait qu’un jour tu as décidé de jeter cela ?

 Et l’autre lui dit :

 Eh bien, c’est Sigismund qui est venu à la maison.

  • Ah bon ! Parle-moi de Sigismund.
  • Ben oui ! Sigismund, c’est l’homme qui s’occupe des poubelles, c’est l’éboueur.
  • Ah oui ! Qu’est-ce qu’il fait cet homme ?
  • Et bien il va dans toutes les maisons, et il demande à chacun ce qu’il a de plus dégueulasse, de pourri, de plus abject, et il s’en occupe.
  • Ah ! Tu parles de Sigmund ! Il a changé de prénom ! Avant jusqu’à l’âge de 22 ans il s’appelait Sigismund Freud, puis un jour à Malmesan, il a décidé de prendre le prénom d’un de ses maîtres qui s’appelait Sigmund.

  C’est bien dommage parce que Sigismund, comme vous le savez ici en Alsace, « mund » veut dire « bouche » et « sigis » ça veut dire « vaincre », et donc cet Autrichien qui habitait à Vienne il y a quelque temps s’appelait « vaincre la bouche ».

Pour le père de la psychanalyse c’est intéressant, c’est autant étonnant de mourir d’un cancer de la bouche aussi, de nombreuses années plus tard et entre les deux d’avoir fait parler tant de gens, et puis de continuer à travers la psychanalyse de faire parler les gens ; pour quelqu’un qui s’appelle « vaincre la bouche ». Et qui a raccourci son prénom, « Sigis » est devenu « Sig » et il a gardé la bouche.

 Et ainsi dans ce village, celui qui voulait donner la permission à chacune, à chacun, de pouvoir se libérer, se dire dans toutes ses blessures et ses souffrances, a un jour émis toute l’hypothèse, il a décrit comme une hypothèse, il a dit, attention ! Je ne l’ai pas vu, je ne l’ai pas mesuré, je ne l’ai pas entendu, je ne sais pas qu’elle est la couleur de l’inconscient, je ne sais pas si l’inconscient est sucré ou salé, je n’ai pas eu l’occasion de le sentir, donc c’est une hypothèse intéressante, qui va permettre de rendre compte de certaines choses. Et lui-même avec cette humilité quand il part d’hypothèse et non pas de certitude, hé bien il va proposer la lecture suivante, l’observation qui est que nous tous ici, ce qui nous meut, ce qui nous mobilise, ce qui nous fait vivre, fait se réveiller le matin, ce qui nous fait venir ici, ce qui nous fait faire tous les choix et chaque respiration, et chaque pensée, et bien, c’est la pulsion d’autoconservation.

 Sigismund parle de cette puissance là, la pulsion de vie. C’est inscrit même dans le végétal, dans l’animal, dans le vivant. Cette énergie (Sigmund Freud va parler d’énergie), il y a dans chaque vivant une énergie mais incompressible qui est de vivre, de s’auto conserver et à chaque seconde, à chaque instant de vouloir être, car nous voulons manger, nous voulons respirer, nous voulons uriner, nous voulons nous reproduire, nous voulons être connus, être aimé, nous voulons un territoire, nous voulons un espace de sécurité, et chaque seconde, chaque minute, chaque jour, nous nous organisons par nos comportements, nos métiers, nos pensées, pour satisfaire notre besoin inconscient biologique, c’est ainsi ! Quoi que nous fassions cela est « organisé ».

Ecrit par Christian Fléche, thérapeute, formateur, auteur son site www.biodecodage.com

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THERAPEUTE HOLISTIQUE : NATUROPATHE ENERGETICIENNE ⭐ ORGANISATRICE D'EVENEMENTS COMMUNICATION