Les coïncidences, je n’y crois plus guère. Et certainement pas à celle-ci : en ce début de printemps, une grande offensive vient d’être lancée simultanément des deux côtés de l’Atlantique contre les approches biomédicales de l’autisme, c’est-à-dire celles qui attribuent à la maladie une causalité environnementale (pollution, alimentation, vaccins, etc.) et qui la soignent en conséquence. Traités d’ « escrocs » ou de « charlatans », des médecins et des naturothérapeutes sont accusés de pratiquer des « méthodes de soins délirantes » parce qu’ils recommandent notamment la chélation des métaux lourds et/ou un régime sans gluten ni caséine. Aux États-Unis, la campagne médiatique a déjà porté ses fruits puisque la multinationale Amazon vient de retirer deux livres de sa librairie en ligne, dont celui-ci , écrit par deux mamans d’enfants autistes… guéris grâce aux traitements suivis. Censure ? Pire que ça : il s’agit d’une forme moderne d’autodafé, une pratique inventée par l’Inquisition et qui consiste à brûler les écrits des hérétiques avant d’expédier leurs auteurs au bûcher. Dans l’Allemagne des années 30, ce sont les nazis qui allumaient de grands feux pour y jeter les ouvrages d’écrivains juifs et/ou considérés comme « dégénérés », ces sinistres cérémonies préfigurant les camps de la mort et les fours crématoires. En brûlant symboliquement deux essais déplaisant aux autorités, le géant du Web pose un geste similaire et commet à tout le moins une scandaleuse atteinte contre la liberté d’émettre et de propager des idées, fussent-elles entachées d’intentions vénales. Lorsque je vous ai envoyé un message sur une « tentative d’assassinat » me concernant, je ne me doutais pas que la pensée médicale unique était déjà en plein virage dictatorial…
Sur le vieux continent, il n’est pas encore question de mettre des œuvres à l’index. En revanche, la persécution des praticiens hétérodoxes est encore montée d’un cran : les médias proches du pouvoir (Le Parisien et l’Express, entre autres) viennent de déclencher la curée sous forme d’ « enquêtes » assorties de « témoignages accablants » sur ces « thérapies farfelues de l’autisme ». Dans ce fatras journalistique amalgamant tout et n’importe quoi, un article a particulièrement retenu mon attention : il nous raconte qu’une certaine Dr S., « radiée de l’Ordre en raison des traitements trompeurs qu’elle propose aux familles d’enfants autistes » poursuit ses consultations par téléphone depuis la Suisse, où elle s’est reconvertie dans le coaching. Si vous ne l’avez pas déjà deviné, il s’agit de Corinne Skorupka, une docteure en médecine effectivement très engagée dans l’approche biomédicale de l’autisme. Longtemps présidente de l’antenne française de l’Autism Research Instititute, elle est proche de l’association Artac du professeur Dominique Belpomme et elle a co-fondé l’association Chronimed parrainée par le Prix Nobel Luc Montagnier. Personnellement, je ne suis pas un chaud supporter de ces deux personnalités et de leur entourage associatif . On y retrouve des allopathes de stricte obédience pasteurienne qui n’hésitent pas à prescrire des antibiotiques à hautes doses et à large spectre dans le traitement des maladies chroniques, dont ils réfutent ou minimisent la composante psychogène. Ce sont parfois les mêmes qui contribuent à ce que j’ai appelé « l’hystérie de Lyme » et qui attisent une phobie des tiques aussi absurde qu’irrationnelle. Par contre, je leur reconnais le grand mérite de s’intéresser au terrain de leurs patients, et notamment à l’équilibre de leur flore intestinale. C’est précisément ce que ses détracteurs reprochent au Dr Skorupka : son crime serait d’avoir prescrit un « régime non validé par la science » (raison de sa radiation) et de continuer à préconiser une alimentation sans lait et sans gluten pour désenflammer l’intestin et restaurer la qualité de son microbiote.
Si les autorités sanitaires considèrent cela comme du charlatanisme, il faudra qu’on m’explique ! D’abord, il est allègrement prouvé que le cerveau cérébral et le foyer de neurones situé dans l’abdomen (qualifié à juste titre de « deuxième cerveau ») sont en constante interaction. Ce n’est plus une hypothèse avant-gardiste mais un fait tellement démontré qu’il a fait l’objet de nombreux bouquins grand public. Il est acquis aujourd’hui que le ventre influence l’encéphale par voie nerveuse directe (via le nerf vague et les nerfs adrénergiques) et par voie circulatoire avec la production de substances hormonales et de molécules diverses qui pénètrent le cerveau et en modifient le développement. Ensuite, il est tout aussi prouvé qu’il y a une relation entre la baisse de qualité du microbiote et l’augmentation d’incidence de plusieurs pathologies (obésité, asthme, allergies, diabète juvénile, maladies inflammatoires et … troubles du spectre autistique). On sait par ailleurs que les patients autistes ont fréquemment des problèmes gastro-intestinaux liés à une altération de l’épithélium intestinal et à une augmentation de sa porosité, et que ces symptômes digestifs sont corrélés à la sévérité de l’autisme. Les enfants autistes ont une flore atypique et moins diversifiée, avec plus de clostridium et de lactobacillus et une chute du ratio bactéroïdes/firmicutes. Ce n’est évidemment pas moi qui le dis, mais un article du Journal International de Médecine daté du 2 avril, relatant un congrès pédiatrique qui vient de se tenir à Bruxelles. Son thème ? « Le microbiote et le désordre du spectre autistique ». Certains intervenants de ce colloque ont affirmé qu’une modification de la flore permet de réduire de 80% les troubles intestinaux liés à l’autisme, mais aussi d’améliorer les troubles du comportement. Or un régime alimentaire restreignant les céréales et les produits laitiers permet précisément de modifier favorablement le microbiote, ce qui est également attesté par plusieurs études scientifiques. (*) Avec d’autres confrères et consœurs, le Dr Skorupka a le seul tort d’être au courant des avancées de la science et d’en faire profiter les parents en quête de solutions naturelles et efficaces pour leurs enfants autistes.
Avant d’être radiée et condamnée à l’exil, la généraliste a co-écrit deux livres (« Autisme, on peut en guérir », et « Autisme, un nouveau regard ») où elle explique sa démarche et les succès thérapeutiques qu’elle obtient. J’ai vérifié sur Amazon et je peux vous dire que ces ouvrages n’ont pas encore été escamotés par la plateforme. Mais en tapant son nom dans le moteur de recherche, j’ai fortuitement découvert que l’ex-médecin avait aussi signé la postface du livre « D’un monde à l’autre – autisme le combat d’une mère », de la journaliste Olivia Cattan. Or c’est cette dernière qui a piégé Corinne Skorupka par téléphone pour les besoins de l’enquête « anti-charlatans » du Parisien ! Je ne sais pas si c’est de la basse vengeance, mais c’est en tout cas un curieux retournement de veste. Si vous voulez acheter des livres avant leur possible interdiction, je vous recommande pour ma part « Être et ne plus être autiste », de Nathalie Champoux. À l’été 2011, après que son fils aîné a reçu un diagnostic d’autisme et alors que les médecins soupçonnent le même trouble chez son fils cadet, cette jeune mère entreprend des recherches qui la mènent sur la piste du changement alimentaire. Pour sortir ses enfants de leur bulle, elle les soumet à une alimentation hypotoxique basée sur les produits frais bio, sans lait ni blé, enrichie en compléments nutritionnels spécifiques. Le résultat est spectaculaire : après seulement quelques jours de ce régime, les deux garçons voient leurs capacités d’expression améliorées, interagissent d’avantage et contrôlent mieux leurs mouvements. En trois mois à peine, ils ont complètement rattrapé leur retard et leurs aptitudes mentales sont aujourd’hui absolument normales. Ce récit a-t-il inspiré et guidé une autre jeune maman ? Toujours est-il que l’éditeur de Nathalie Champoux, le journaliste scientifique Thierry Souccar, vient de publier sur le site internet qu’il dirige (LaNutrition.fr) le témoignage d’une certaine Corinne B. Sa petite fille de 3 ans a, elle aussi, changé de comportement et retrouvé ses facultés intellectuelles suite à l’adoption d’un régime sans gluten et sans lait. Vous pouvez découvrir ce parcours de guérison en cliquant ici. Sur ce site web exceptionnellement riche, les visiteurs peuvent également trouver des tas d’articles et de références d’études montrant que le passage à une alimentation de type paléolithique participe efficacement à la réduction des symptômes autistiques. S’ils veulent étouffer cette approche « biomédicale » et faire disparaître toute trace de ses réussites, les inquisiteurs ont donc encore beaucoup de travail…
Article INFO LETTRE AVRIL 2019 www.neosante.eu |