Décider de mincir, ce n’est pas seulement faire attention à son alimentation et son activité physique, c’est aussi intégrer une notion essentielle pour tenir dans le temps et être équitable avec soi : la gestion, ou plutôt, la digestion des émotions.
A chaque fois, c‘est la même chose. Vous décidez d’alléger votre alimentation, de vous mettre au sport, de faire qu’il y a de mieux pour votre ligne et…patatras ! Une émotion plus forte qu‘une autre passe par là et vous n’arrivez plus du tout à gérer le contenu de votre assiette. Vos efforts sont réduits à néant, votre estime de vous même tombe au fond de vos chaussettes et la tristesse que cela génère vous donne envie de vous réconforter encore… avec de la nourriture. Cet engrenage, générateur d‘effet yo-yo, est malheureusement courant. Mais il ne suffit pas de le constater, et pour que cela s’arrête, encore faut-il comprendre le phénomène pour pouvoir le déjouer.
Pourquoi les émotions jouent les trouble-fête
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte quand vos émotions vous empêchent de mincir.
Tout d‘abord : le fonctionnement du cerveau. Le cortex (là où l’on décide de maigrir) fait face au cerveau Iimbique (qui gère les émotions) et au cerveau reptilien (qui assure la survie). Le premier est toujours plein de bonne volonté et vous aidera à relever le défi du régime, mais il se heurte au second, le Iimbique, qui est câblé pour la gratification immédiate. Il aime la récompense que vous apportent souvent les « aliments doudous ». Il se moque franchement des bourrelets. Votre volonté se heurte aussi, et encore plus fort, au cerveau reptilien, qui contient vos mémoires archaïques et qui gère quant à lui votre survie. Il se crispe dès qu’un danger apparaît Un danger pouvant être une restriction alimentaire (qui lui rappelle les famines) ou même un simple changement, (Cette partie-là du cerveau adore la routine, synonyme de sécurité).
A deux contre un, la volonté fait rarement le poids. Il s‘agit aussi de prendre en compte le fait que les régimes restrictifs jouent sur votre humeur, pas seulement parce que c‘est frustrant de se sentir privé, mais aussi parce qu’ils manquent souvent de bonnes graisses. Or les graisses de bonne qualité sont indispensables à la synthèse des hormones et des neurotransmetteurs. Et plus vous vous affamez, plus votre système hormonal et votre système nerveux fonctionnent mal et plus vous devenez sensible aux émotions.
Enfin, il faut aussi intégrer que la sensation de bien-être générée par l’alimentation est extrêmement puissante. La réponse hormonale de plaisir alimentaire, même lorsqu’elle ne dure pas, est aussi puissante qu’une drogue pour les personnes qui y sont très sensibles. A un niveau émotionnel donné votre mémoire viendra appeler ce message de bien-être provoqué par l’alimentation. Vos aliments doudous, le plus souvent gras et sucrés, font l‘effet d’un shoot à votre cerveau Iimbique qui, rappelons-le, réclame cette gratification immédiate quand il est en difficulté.
De tête ou de cœur
Le cerveau Iimbique, qui est câble pour la gratification immédiate, aime la récompense que vous apportent souvent les « aliments doudous »
Il existe différentes grilles de lecture des pulsions alimentaires en fonction des émotions. Les Anglo-Saxons ont réfléchi à cette question depuis longtemps. Parmi ceux-ci, la coach américaine Linda Spangle distingue deux grands types d’émotions qui amènent à la prise alimentaire les émotions dites « de tête » et celles dites « de cœur ». Les émotions de tête sont la colère, l‘agressivité et toutes les émotions liées aux effets du stress (agacement, impatience, peur).
Ces émotions seraient liées à la consommation d’aliments à la texture croquante, comme les gâteaux, les fruits secs ou les chips. Parallèlement, les émotions de cœur, comme la tristesse, la solitude, la fatigue, le besoin de réconfort, nous pousseraient vers des aliments à texture moelleuse (le chocolat, la crème glacée, les pâtes, etc.) pour être consolé. Ce n’est bien évidemment pas une science exacte mais il peut être utile d’observer où se portent les envies alimentaires pour mieux les comprendre.
Accueillir ses émotions
Apprendre à accueillir ses émotions, les digérer est bien un passage obligé pour qui souffre de problématique chronique de poids. Malheureusement, les personnes sujettes aux troubles du comportement alimentaire ont tellement blindé leur ressenti pour ne pas souffrir qu‘il arrive que leurs réactions soient complètement retardées par rapport à l’émotion première sur laquelle elles mettent un couvercle par habitude. Parfois le fait de consommer en excès ou d’avoir une compulsion alimentaire interviendra plusieurs jours après l’événement déclencheur. Difficile alors de tirer le fil et de comprendre.
Une sensation de tristesse ou de vide intérieur qui pousse à manger cache en règle générale autre chose. Mais le chemin de l’information est brouillé par ce comportement automatique enregistré en général dans la toute petite enfance : je me sens mal : je mange : je me sens mieux (même si c‘est momentané). L‘information de ce qui crée réellement le mal-être passe complètement inaperçue. D‘autant qu‘un nouveau mal-être s‘installe très vite, constitué par la honte d‘avoir trop ou mal mangé.
Les étapes de la compulsion alimentaire
Comprendre ce comportement automatique a posteriori va constituer une première étape Voici comment on déroule le fil.
Une personne a trop mangé, c’est son comportement automatique. C‘est la conclusion à un événement qu‘elle n’a pas pu empêcher car il s’est passé autre chose avant. Cette « autre chose» se déroule en trois phases.
Première phase: il se produit un événement (ce peut être une chose tangible, par exemple : on lui pose un lapin ou on lui parle mal, mais ce peut-être aussi une idée qui la traverse, comme un mauvais jugement sur elle-même, un souvenir douloureux, une croyance négative, etc.).
Cet événement entraîne une pensée automatique. Souvent, la personne ne la voit pas passer, ça va trop vite. Cette pensée peut marquer le découragement (« je n’y arriverai jamais »), l’idée d’injustice (« pourquoi ça m‘arrive à moi ? »), l’incrédulité (« je n‘y crois pas »). Quand la colère s‘en mêle, c’est souvent une pensée que la bienséance empêche de formuler (« Quel imbécile! Pour qui se prend-il ? »). Bref, cette pensée immédiate, c‘est ce qu’on se dit.
Vient alors la troisième phase: l’émotion. Ce qu’on ressent Là encore, parfois ça va trop vite et l‘on n‘a pas le temps de décrypter ce qui se passe en soi. Il faudrait réussir à formuler : « Je me sens… ». Mais la sensation est tellement désagréable que le comportement automatique arrive vite dessus. Et l‘on mange.
Le fait d‘avoir mangé peut alors devenir un événement nouveau. Il engendrera en général une pensée automatique du type « j’ai encore craqué, je n‘arriverai jamais à mincir », l’émotion qui s’ensuivra fera dire « je me sens honteux/se je me sens nul/le ou inapte » Cette émotion trop grande entraînera alors l’envie de manger de nouveau pour se consoler. D‘un point de vue purement émotionnel, c’est ainsi qu’une compulsion alimentaire ou une grosse fringale peuvent entraîner les personnes qui luttent avec leur poids dans de longues bagarres avec eux-mêmes.
Après une pulsion alimentaire, diluer 1 ou 2 gouttes d’une huile essentielle digestive dans un peu d’huile végétale qu’on appliquera en massage sur le ventre en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. (pensez à faire un test avec une goutte d’huile essentielle à l’intérieur de votre avant bras, si rougeur attention allergie)
Le foie en première ligne
D’autant que l’aspect psychologique des choses est renforcé par l’aspect physiologique de ce phénomène. La toxine appelle la toxine. Le sucre appelle le sucre. Une hyperglycémie liée à une pulsion sucrée va entraîner dans le corps une hypoglycémie réactionnelle qui entraînera un nouvel appel au sucre. (Le pancréas ayant fait baisser le taux de sucre dans le sang en sécrétant de l’insuline, et le foie ayant stocké ce sucre sous forme de glycogène.) Il faudrait alors attendre que le foie déstocke le glycogène en le retransformant en glucose grâce à l’intervention du pancréas qui sécréterait du glucagon. Ou alors, il faudrait manger de bons sucres comme ceux des fruits pour faire remonter la glycémie en douceur. Mais en général on a envie, besoin de son shoot alimentaire et l’on continue de fatiguer son pancréas (ce qui peut aller jusqu‘au diabète) et d’encrasser son foie avec des surstocks inutiles de glycogène. Le foie ainsi touché, tous les équilibres hormonaux sont fragilisés et l’humeur est rarement au beau fixe (c‘est l’effet « gueule de bois ».)
Concrètement…
Pour déjouer ces phénomènes psychophysiologiques, il va donc falloir jouer sur tous les tableaux. Pour commencer, après une pulsion alimentaire, la surcharge soudaine va peut-être avoir un peu de mal à passer. Il faut aider son tube digestif et le faire en douceur. On peut prendre une tisane de romarin ou une ampoule d’artichaut ou de radis noir ou encore d’élixir du Suédois. On pourra aussi aider le processus digestif avec des huiles essentielles digestives (au choix : menthe poivrée, marjolaine, basilic, ou romarin par exemple). On en diluera alors 1 ou 2 gouttes (pas plus) dans un peu d’huile végétale qu’on appliquera en massage sur le ventre en tournant dans le sens des aiguilles d‘une montre, le sens de la digestion.
ll s‘agira ensuite d’attendre que la faim se présente de nouveau (parfois ça prend du temps, il est tout à fait nécessaire de respecter ce temps-là pour que le corps récupère). Quand elle arrive, on mettra alors le carburant de la meilleure qualité possible dans le corps : des fruits et légumes frais, mûrs et de saison. Crus autant que possible, accompagnés de protéines légères (poisson, œuf ou viande blanche). La cellule n’étant pas nourrie par une compulsion sucrée de mauvaise qualité (bonbons, gâteaux), il s’agit de bien la nourrir pour qu‘elle fonctionne le mieux possible et ne fasse pas un rappel au sucre.
Du point de vue émotionnel, la démarche de digestion est plus longue. Accepter d’en être encore à compenser avec des aliments doudous, se pardonner, et comprendre est nécessaire pour déjouer de nouveaux comportements automatiques. Ecrire après une compulsion quel a été l’événement déclencheur, quelle a été la pensée automatique et quelle a été son émotion est une habitude qui permettra, à terme, de mieux percevoir son ressenti et d’identifier le besoin non couvert à cet instant (besoin de sécurité très souvent, de respect, de temps, d‘espace ou tout autre besoin). Reconnaître son besoin, c‘est déjà le combler un peu. On pourra alors trouver d’autres voies que l‘alimentation pour y faire face.
Enfin, et sur plus long terme, rééduquer sa capacité à ressentir sera l‘assurance de ne plus retomber dans ces travers alimentaires. Pour ce faire, apprendre à déguster, prendre le temps de mastiquer, prendre un plaisir de gourmet à manger amènera la qualité et la quantité juste dans l’assiette. Mincir ne sera alors plus qu‘une question de temps et d’écoute de soi… Un vaste programme, qu’il est souvent difficile de mener seul/e mais qui mérite qu‘on s‘y penche quand on sait que les régimes hypocaloriques amènent statistiquement, selon l‘Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), à 95 % d’échecs !
Rose-Marie Richon. Rose-Marie Richon a été boulimique et obèse durant de nombreuses années. Une thérapie humaniste et le rencontre avec la naturopathie vitaliste lui permettront de déjouer ses difficultés avec alimentation et de s’alléger de 25 kg. Devenue naturopathe, elle continue de constituer sa boîte à outils (avec l’endocrino-psychologie, l’hypnose Ericksonnienne, l’EFT, les réflexologies) pour aider ses clientes en proie avec le surpoids et les troubles du comportement alimentaire. Auteure elle publie en 2011 « Des clés pour l’amour de soi ». Elle crée le programme Réconciligne en 2014. Son site : www.recociligne.com
Source BIOCONTACT -N°268/MAI 2016