Les probiotiques Article extrait de « Intestin carrefour de notre destin » par P. Fievet, Docteur en médecine

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  2016 est l’année du centenaire de la mort d’Elie Metchnikoff, père de l’immunité innée, découvreur de la phagocytose par les globules blancs, et prix Nobel en 1908. Il obtint une grande renommée parallèlement avec ses recherches sur les probiotiques, ses fameux « élixirs de longue vie » (voir tome 1 de la collection).

Des bactéries ennemies aux bactéries amies

C’est à peu près à cette même époque que Pasteur déclarait en 1885 que finalement « la vie n’est pas possible sans bactéries ». Il a fallu plus de cent ans pour passer du concept des bactéries ennemies à celui des bactéries bénéfiques. Car en cours de route s’est insérée la découverte fabuleuse des antibiotiques. Mais comme toujours, les extrêmes ont une limite, et passé l’engouement effréné pour ces molécules pourtant capitales, il est apparu progressivement que les bactéries amicales représentaient une arme aussi importante que les antibiotiques, non seulement envers les infections, mais aussi dans l’économie toute entière des organismes vivants. Car maintenant il est bien clair que le microbiote avec ses bactéries bénéfiques est un organe à part entière, intégré intimement à l’individu. Sans aller plus avant, on sait maintenant de mieux en mieux utiliser les transferts de microbiotes sains chez les malades pour régler certains problèmes graves de santé antérieurement insolubles et mortels.

Haro sur le microbiote

Actuellement, le mode de vie de notre société met à mal les microbiotes intestinaux : l’obsession maximaliste de l’hygiène, les désinfectants de tout acabit et les antibiotiques mal ou trop utilisés, les stress, les polluants, la vie citadine coupée de la nature, l’alimentation occidentale qui est devenue inadéquate aux humains… On recense des centaines de maladies, plus ou moins graves, reliées à un déséquilibre du microbiote : car un déséquilibre microbien déclenche toujours un fléau biologique, c’est-à-dire une inflammation chronique. Et celle-ci s’exprime par une multitude de symptômes, des plus rudimentaires (constipation, douleurs abdominales, diarrhées bénignes, céphalées, acné, etc.) aux plus graves (maladies cardiovasculaires, infections chroniques, maladies inflammatoires et auto-immunes, allergies, surpoids et obésité, diabètes, voire différents cancers, etc.). Les maladies en lien avec un microbiote déséquilibré ont globalement une caractéristique commune : leur flore intestinale est appauvrie en richesse bactérienne, ainsi qu’en diversité, à la fois en espèces et en souches. On peut affirmer que c’est une constante, caractéristique par exemple dans le surpoids et l’obésité. Moins de souches de bactéries et moins d’espèces présentes ouvre grand la porte à l’implantation de microbes indésirables, et amoindrit leurs nécessaires fonctions symbiotiques : immunitaires, digestives, métaboliques, anti-infectieuses, nutritionnelles, notamment. L’inflammation dite de bas grade chapeaute alors le tout, car une altération de microbiote retentit immanquablement sur la bonne santé de la muqueuse intestinale, créant ipso facto une hyperméabilité de celle-ci, dont on sait qu’elle enclenche l’inflammation si elle perdure. Il est donc temps d’arrêter de faire la guerre à outrance aux bactéries. De toutes les manières, on ne gagnera pas.

Vivent les probiotiques !

Il existe un moyen simple et efficace pour corriger la majorité des ennuis de santé en régularisant les populations bactériennes de notre intestin, et ceci depuis la naissance. Régulariser l’alimentation pour influencer le déséquilibre du microbiote est certes parallèlement hautement souhaitable – se nourrir correctement nourrit aussi correctement le microbiote – mais n’est pas forcément chose aisée (combat éternel entre le désir et la volonté). Il existe heureusement une alternative : aller à la source, c’est à dire utiliser les probiotiques, les amis de la santé !

  Ces probiotiques sont des bactéries vivantes possédant des effets bénéfiques pour l’hôte. Les plus étudiées sont les espèces de Lactobacilles et de Bifidobactéries. Elles permettent de lutter efficacement contre les troubles digestifs, optimisent une saine digestion, protègent des infections, des allergies, entretiennent fortement l’immunité, la tolérance alimentaire, et fabriquent toute une variété de vitamines, de nutriments, de molécules anti-inflammatoires dont nous profitons à chaque instant. Elles interviennent également profondément dans divers systèmes hormonaux, endocriniens et reproducteurs, dans la régulation des fonctions cérébrales, et entretiennent une certaine jeunesse, c’est-à-dire ralentissent un vieillissement devenu accéléré par notre mode de vie, à commencer par l’état de la peau ou des cheveux ! Finalement, c’est normal : les bactéries sont un organe à part entière.

Il est d’autant plus facile de les utiliser car en peu de temps en général, leur prise orale modifie rapidement, en quelques jours, l’état de notre microbiote intestinal ; une rectification alimentaire concomitante amplifie évidemment la chose. Par ailleurs, ces probiotiques sont sûrs : ils ne déclenchent pas d’infection et ne déclenchent pas d’effets indésirables d’ailleurs mineurs le cas échéant. Les cas rarissimes d’infections se rencontrent sur des terrains fortement immunodéficients.

Au sein des espèces bactériennes probiotiques, Lactobacilles et Bifidobactéries, chaque souche montre des qualités différentes ; leurs processus d’obtention et de maturation (sophistiqués technologiquement) modifient aussi leurs propriétés. Les souches les plus étudiées, documentées, les plus efficaces sont représentées par les Bifidobactéries : souches Bifidobacterium, brevis, longum, infantis, lactis, et par les Lactobacilles : helveticus, rhamnosus, acidophilus, plantarum, bulgaricus, paracasei, delbruckei, gasseri, reuteri. On trouvera aussi des Streptococcus thermophilus ou des Saccharomyces (levures). Toutes ces souches sont les plus communément rencontrées dans les préparations commerciales que l’on trouve très facilement.

La durée de vie des probiotiques s’améliore régulièrement par des techniques sophistiquées d’encapsulation, leur conférant une résistance aux agressions (chaleur, froid, acide gastrique, antibiotiques et antiseptiques) et par un contrôle génétique rigoureux : tous les gènes bactériens sont caractérisés, on en possède la carte génétique.

S’il existe des souches possédant des effets assez spécifiques, un probiotique correct « de base » devrait associer au minimum 3, 4, 5 voire davantage de souches différentes, afin de cumuler les effets bénéfiques (digestion + immunité par exemple). L’utilisation de souches particulières destinées à corriger des problèmes spécifiques n’a pas beaucoup d’intérêt à mon sens, car ceci reviendrait en somme à « traiter » le symptôme (allergique, cutané, vaginal, etc.), un peu à la manière d’un médicament chimique habituel spécifique anti symptomatique. L’objectif, avec les probiotiques n’est pas pour moi de lutter contre, mais de faire bien mieux, c’est-à-dire de réguler en agissant au niveau de la « panne » : l’effet obtenu est alors plus fondamental, plus global, plus profond, plus « holistique », et donc potentiellement plus puissant et plus stable sur le long terme. A l’époque actuelle de la « spécificité », il existe donc une sorte de flou artistique bien peu dans l’air du temps, mais qui permet sur cette base d’affiner la singularité de la prescription. On peut d’ailleurs renforcer facilement tel ou tel effet bénéfique souhaité par l’addition d’une autre souche, renforçant ainsi potentiellement un effet bénéfique que l’on veut obtenir plus particulièrement. On ne peut s’empêcher de penser quand même qu’une diversification spécifique en probiotiques répond à des critères de segmentation commerciale (probiotiques pour la peau, l’acné, l’infection, le vieillissement, etc.). Pourquoi pas, mais à mon sens on peut faire mieux.

Les produits laitiers enrichis en probiotiques, s’ils présentent quelques qualités – goût, conservation, acidité – ont peu d’effet en général, contrairement à ce qui est dit. Ce sont pour moi des « produits dérivés », car rien ne vaut les souches pures, le produit laitier n’étant qu’un vecteur. Ceci est d’ailleurs confirmé par les études, et va à l’encontre de certaines publicités, qui d’ailleurs ont été interdites (allégations santé).

Il faut bien savoir aussi que l’effet probiotique dépend de la dose. La plupart des préparations contiennent des charges variant entre 3 et 10 milliards de germes, ce qui correspond aux concentrations habituellement utilisées dans les très nombreuses études réalisées à ce jour. Mais dans bien des cas cliniques, il faut augmenter les concentrations. Une préparation de probiotiques, au vu de son efficacité potentielle, devrait vraiment être adaptée à chaque cas. Il ne faut pas avoir peur de la dose, et se souvenir quand même que quelques milliards de probiotiques ne sont qu’une microscopique goutte d’eau dans l’immense océan des bactéries intestinales (100 mille milliards en moyenne, 1400 espèces !).

Car les effets attendus ne sont parfois pas au rendez-vous. Soit alors les probiotiques n’étaient alors pas très adaptés à la personne, soit les dosages étaient trop faibles (ce qui est fréquent), soit la durée de prise est trop brève, ou bien le tout à la fois, en sachant aussi que certaines personnes mentent délibérément, y compris celles qui n’ont en réalité pas absorbé pour une raison ou une autre les probiotiques… C’est dire que maximiser les effets doit relever d’une étude personnalisée de l’individu, ce qui est assez simple à réaliser mais  prend du temps. Les études sur simulateurs d’intestins montrent que les probiotiques doivent être pris au cours des repas, ceux-ci comportant des graisses si possible. Tout le monde n’est pas d’accord là dessus, car différents modèles expérimentaux donnent des résultats différents. Peu importe finalement, car l’important, c’est de les avaler ! Enfin, on pourra également se tourner vers tous les aliments lactofermentés bien sûr, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Un exemple

Alors si vous avez bien compris, il existe un complément alimentaire à mon sens indispensable, tant en prévention qu’en curatif : les probiotiques. L’intervention hygiéniste maximale introduite dans l’industrie alimentaire éradique les bactéries. Pourtant, compte tenu de notre mode vie, c’est une excellente assurance de bonne santé. Les toxi-infections alimentaires n’apparaissent jamais avec des aliments à base de laits crus. Certains diront que ça peut coûter cher. Il faut savoir que les coûts de fabrication sont assez similaires pour les différentes souches, car il n’existe que peu de fabricants qui alimentent le marché ; la différence de prix est essentiellement dictée par la marge bénéficiaire que veut réaliser la société qui commercialise. Pourtant, les prix restent très majoritairement modestes et accessibles, et les effets bénéfiques valent largement la dépense. Il vaut bien mieux se « priver » d’1 ou 2 cinémas par mois en famille (par exemple) ou d’une soirée au restaurant, ou ailleurs  – pour vraiment améliorer sérieusement sa santé ! On trouve des préparations « sérieuses » de probiotiques pour 10 à 25 euros par mois, comme par exemple le MAXIFLORE du laboratoire Synergia : 4 souches intéressantes bien documentées (rhamnosus, longum, 2 helveticus), contrôlées, bien étudiées chez l’humain, 15 milliards de germes par prise. Le rapport qualité/prix est excellent ; un avantage, c’est qu’on le trouve partout. La forme infantile existe aussi. D’autres préparations du même acabit existent bien entendu. Mais c’est mon probiotique passe-partout en première intention, et j’assume, puisque je l’avale personnellement au quotidien (puisqu’on me demande souvent ce que je prends), sachant que je n’ai pas de problème particulier de santé. Je n’hésite pas à en prendre 10 par jour, en cas d’épidémie ambiante hivernale (gastroentérites, grippe, rhinopharyngite, etc.), pendant quelques jours, et je ne connais même pas le moindre rhume depuis des années !

Prébiotiques ?

Je ne conseille pas la prise concomitante de prébiotiques, c’est-à-dire de fibres au sens strict (tous les végétaux ne contiennent pas de fibres) essentiellement de type galacto-oligo-saccharides (GOS) ou fructo-oligosaccharides (FOS). Pourquoi ? Car ces fibres fermentescibles peuvent facilement faire ballonner (elles dégagent du gaz), ce qui est relativement souvent inconfortable (mais sans plus), et peut déclencher des douleurs de distension du ventre, parfois assez violentes. Certes, ces fibres sont un excellent aliment pour les probiotiques, et en leur donnant leur plat préféré, on améliore leur survie dans l’intestin. Mieux vaut manger des prunes, des lentilles, etc. Il est intéressant de consommer de petites quantités d’acides gras poly-insaturés, spécialement des oméga 3 – à longue chaîne (EPA), ce qui accroît leur durée de vie tout en favorisant leur implantation, ce qui retarde leur élimination et prolonge l’effet bénéfique des probiotiques. Si les prébiotiques actuels (fibres FOS et GOS, inuline) possèdent des effets bénéfiques bien démontrés, les inconforts occasionnés peuvent amener les individus à rejeter les préparations de probiotiques associés aux prébiotiques (appelés alors symbiotiques). L’autre raison est encore plus simple : mangez des aliments riches naturellement en prébiotiques : prunes, pruneaux, figues pour faire simple immédiatement. C’est bien meilleur‡ au goût, et ça n’apporte pas que des prébiotiques !

Psychobiotiques

Enfin, les nombreuses études portant sur l’axe intestin-microbiote-cerveau, ont fait émerger le très récent concept, en plein développement, de psychobiotique. Car on s’aperçoit que les bactéries ont aussi leur mot à dire dans la régulation du stress, de l’humeur, de l’anxiété, de la dépression, du comportement, et de certaines maladies psycho-psychiatriques (schizophrénie, troubles su spectre autistique, etc.). C’est un nouveau domaine fascinant qui s’ouvre, où l’on découvre jour après jour des effets totalement inattendus occasionnés par des souches impactant la sphère cérébro-cognitive, émotionnelle et comportementale. Mais ceci est une autre histoire… Les bactéries ont plus d’un tour dans leur sac !

Dans mon dernier livre, le tome 5 de la collection « intestin carrefour de mon destin », et intitulé VERS UN INTESTIN SPIRITUEL, je fais le point sur toutes les connaissances accumulées concernant les actions du microbiote sur les fonctions cérébrales (cognitives, psychologiques, sociétales, neurologiques), montrant ainsi la voie d’une possible régulation thérapeutique par les bactéries intestinales. Une nouvelle vision du monde !

Philippe FIEVET Docteur en médecine ph.fievet@wanadoo.fr;

 

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