L’alimentation et les enfants : Nos chères têtes blondes peuvent-elles manger paléo ?

 Bien sûr que oui, puisque des milliards de marmots l’ont fait avant elles. Mais il sera compliqué de les convertir sans les désintoxiquer du sucre ajouté. Dans ce premier article, Yves Patte pointe le rôle particulièrement dévastateur des boissons gazeuses.

 

Les études montrent que la génération de nos enfants connaît des taux plus élevés d’allergies alimentaires, d’obésité, de problèmes de comportement et de maladies auto-immunes que les générations précédentes. Du coup, beaucoup de parents se posent cette question : est-ce que les enfants peuvent, eux aussi, « manger paléo » ?

De prime abord, la réponse est facile : oui ! Plus ou moins 84.000 générations d’enfants ont mangé « paléo ». Seulement 350 générations d’enfants ont mangé des produits issus de l’agriculture. Et pas plus de 7 générations ont mangé des produits sortis d’une usine…

Calories vides

Mais ce n’est généralement pas la réponse que les parents attendent. Et leur question est en réalité plus pratique que théorique. C’est là que les choses se compliquent, parce que faire manger des légumes, des « vrais » morceaux de viande, du poisson et des fruits à un enfant, c’est précisément le problème auquel sont confrontés tous les parents, qu’ils soient sensibilisés à l’alimentation paléo ou pas. Je crois donc qu’il faut simplement se focaliser sur les éléments principaux qui feront de l’alimentation de votre enfant une alimentation saine à son développement. Et pour cela, il faut surtout retirer ce qu’on appelle les « calories vides », c’est-à-dire des aliments riches en calories, mais très pauvres en nutriments.

Commencez par éviter les sodas et boissons gazeuses. Cela permettra tout d’abord de supprimer la caféine, qui peut créer de la dépendance pour 20 à 100% des adultes, selon que ce sont de faibles ou de gros consommateurs de boissons caféinées.

Aucune étude n’existe sur la dépendance des enfants à la caféine, mais les chercheurs pensent que leur développement non abouti devrait les rendre plus dépendants encore. Supprimer les sodas permettra également de se prémunir du glutamate monosodique, un acide aminé nonessentiel, utilisé comme exhausteur de goût (E621 sur les étiquettes). Cet acide pourrait effectivement endommager le cerveau.

Au niveau des os, c’est surtout l’acide phosphorique qui est problématique : si votre enfant consomme trop de phosphore par rapport au calcium, ce qui peut arriver par la consommation de sodas, cela pourrait affaiblir ses os. La caféine renforce d’ailleurs le problème en perturbant l’absorption de calcium. Dans le même registre, au niveau des dents, l’acide phosphorique et l’acide citrique en détruisent l’émail. Cela, en plus du sucre – dont nous allons parler tout de suite – ne favorise évidemment pas le fait d’avoir de bonnes dents.

Le sucre n’est pas uniquement mauvais pour les dents. La consommation excessive de sucre a des conséquences qui vont bien au-delà de la bouche. La consommation de soda est directement liée à l’augmentation du risque d’obésité chez les enfants de 3 à 5 ans (« Obesity», 2009). Une seule canette de soda par jour augmente déjà de 22% les risques de développer un diabète de type II ! Cette étude a été faite en Europe, précisément pour vérifier si le problème n’était pas uniquement américain. Et cette même canette de soda par jour augmentera de 20% les risques de développer des problèmes cardiaques (« Circulation», 2012).

Rançon des sodas

Les sodas sont souvent à base de sirop de fructose de maïs, qui pourrait être associé à la bronchite chronique chez l’adulte (« Nutrition Journal », 2015). Chez l’enfant de 2 à 9 ans, on voit qu’une consommation de soda est associée à l’asthme. Le fructose serait effectivement à l’origine de glycotoxines (les « Advanced Glycation End Products»), dont nous avons déjà parlé et à propos desquels de plus en plus de gens s’inquiètent, pour leurs liens avec le diabète, les processus de vieillissement, les maladies dégénératives et l’insuffisance rénale.

Mais les problèmes ne sont pas uniquement physiologiques, et les parents devront également faire face à des problèmes de comportement causés par les sodas et leur teneur excessive en sucre.

Un article paru dans « Journal of Pediatrics » (2013) concluait effectivement : « Nous notons une association entre la consommation de soda et les comportements négatifs parmi les jeunes enfants ». En 2014, le même chercheur publiait un second article, dans lequel il explorait les liens entre consommation de soda et phénomènes de violence, dépression, pensée suicidaire et tentative de suicide. La consommation de boissons sucrées serait effectivement liée à des comportements à risque comme des bagarres, la tristesse, le désespoir ou les pensées suicidaires (« International Journal of Injury Control and Safety Promotion», 2014).

Les sodas « light » ne seraient pas une alternative satisfaisante. Une consommation sur le long terme d’aspartame pourrait effectivement créer un déséquilibre entre anti- et pro-oxydants, dommageable au niveau du cerveau (« Drug & Chemical Toxicology », 2013).

Les jus de fruits aussi

Enfin, en plus du sucre, les sodas contiennent jusqu’à 9 autres ingrédients dangereux, parmi les colorants, les acides, etc., et les gros buveurs de soda ont généralement des déficiences en calcium, magnésium et vitamine A.

Pour autant, les jus de fruits achetés en magasin ne sont souvent pas une solution non plus ! Contenant généralement du sucre ajouté, leur consommation est également corrélée à l’apparition d’asthme chez les 2-9 ans. Déjà en 1992, l’American College of Nutrition mettait en garde sur la possibilité que les jus de fruits favorisent l’obésité. Une consommation excessive de jus de fruits, riches en sucre et pauvres en fibres, en particulier le jus de pomme, peut provoquer un déficit de croissance et un risque d’obésité chez les enfants de moins de 5 ans («Pediatrics», 1997). Réduire les boissons sucrées, et au premier titre les sodas, aura d’ores et déjà un impact très important sur la santé de votre enfant, sans que personne ne vous demande s’il ne risque pas d’avoir des déficiences.

Les sodas diminuant l’appétit, votre enfant n’en aura que plus faim pour d’autres choses. Ce sera l’b-jet de l’article du mois prochain : nous analyserons ce qu’il conviendrait, pour lui, de manger… ou de ne pas manger…

Yves Patte

Sociologue de formation,Enseigne en Belgique le travail social et l’éducation à la santé. Il est également coach sportif et nutritionnel. Le mode de vie paléo représente la rencontre entre ses différents centres d’intérêt : un mode de vie sain, le respect de la nature, l’activité physique et sportive, le développement individuel et social. Il publie régulièrement sur http ://www.yvespatte.com et http ://www.sportiseverywhere.com.

SOURCE :  Néo Santé N°51

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