Ces derniers temps, pas un mois ne se passe sans qu’apparaisse un nouveau scandale sanitaire. En septembre, un rapport de l’Assurance maladie évaluait précisément le risque – connu depuis 2009 – du médicament Androcur. La prise de cet anti-androgénique, vendu depuis une trentaine d’années par le laboratoire Bayer, multiplie le risque de méningiome (ou tumeur du cerveau) par 7 après six mois d’utilisation, et par 20 après cinq années de traitement.
Article extrait du site
http://tracking.alternativesante.fr/u/gm.php?prm=P8q1jux2kW_547292539_4516130_32750
Officiellement commercialisé pour certains problèmes hormonaux, tels les cancers de la prostate ou l’hyperpilosité chez les femmes, il est couramment détourné de son usage initial. Des médecins le prescrivent ainsi pour des problèmes comme l’endométriose ou l’acné. Mais un méningiome, c’est quand même cher payé pour un peu moins d’acné !
Sachant que plus de 50 000 femmes ont utilisé l’Androcur en 2017, ce médicament est devenu un risque de santé publique majeur. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en a donc rappelé les indications ; elle a aussi demandé, avant tout prise du traitement, la prescription d’une IRM cérébrale pour surveiller l’apparition d’une éventuelle tumeur, ainsi que la signature, par les patients, d’un « formulaire d’accord de soins ». Un tel document aura, à n’en pas douter, des vertus pédagogiques pour le public (en lui faisant connaître le risque auquel il s’expose), mais il servira aussi d’argument juridique pour les laboratoires (en limitant les possibilités de recours en cas de problème)…
Des dossiers de victimes de l’Androcur, Georges-Alexandre Imbert en a déjà une cinquantaine en attente sur son bureau. Il prépare d’ailleurs une action juridique de groupe sur le sujet. Le président de l’Association d’aide aux victimes des accidents des médicaments (AAAVAM), dont vous trouverez l’interview dans le numéro de décembre d’Alternative Santé, nous décrivait ce matin même plusieurs cas de cécité partielle à la suite de la prise de ce médicament, ainsi que le décès d’une adolescente de 12 ans. Des tragédies face auxquelles la signature d’une décharge et la création d’un numéro vert paraissent bien dérisoires.
Pour rappel, le groupe allemand Bayer n’en est pas à son premier scandale. Sans même remonter à ses agissements innommables sous le régime nazi, ce géant de l’industrie pharmaceutique – et récent racheteur du groupe Monsanto – s’est illustré ces deux dernières décennies par diverses controverses autour de ses produits, des statines (Staltor et Cholstat retirés du marché en urgence en 2001) à la pilule Diane 35 (retirée en 2013) en passant par les stérilets Mirena (qui ont suscité beaucoup d’inquiétude l’année dernière).
Quant à la star de Bayer, l’anticoagulant Xarelto, il faisait l’objet en février dernier d’une alerte de Georges-Alexandre Imbert auprès des autorités de santé : « Des témoignages concernant des décès liés indubitablement au médicament (…) nous font craindre une nouvelle catastrophe sanitaire de grande ampleur. » Espérons que l’avenir ne lui donne pas raison.